Ceux qui ne respirent plus

Le mois de février approche. Je le sens.

Je le sens dans ma voiture le matin, quand la moindre chanson triste me fait pleurer. Je le sens quand je regarde mes enfants jouer ensemble et que je pense à la joie d’avoir un frère. Je le sens quand mon estomac se serre parce que mon fils de quatre ans me demande si il peut envoyer un dessin à sa grand-mère même si elle est morte. Je le sens quand ma fille fait une sieste un peu plus longue que d’habitude et que je m’imagine qu’elle ne se réveillera pas. Je le sens quand je serre mon amoureux très fort dans mes bras avant qu’il fasse un long trajet en voiture, parce que s’il lui arrive quelque chose je m’en voudrais de ne pas l’avoir serrer une dernière fois. Je le sens quand je traine sur internet à me renseigner sur les testaments. Je le sens parce que j’ai du mal à rester seule sans penser à ceux qui ne sont plus là.

En février mon frère s’est jeté d’une falaise. En mai la même année ma mère est morte du cancer qui la rongeait depuis quatre ans. Depuis je sens que la vie est courte. Surtout en février.

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Ceux qui respirent encore

J’y vais tous les soirs. D’abord voir mon « grand », parce que sa chambre est en face de l’escalier. Puis la petite, parce qu’elle est au bout du couloir, et parce que le moindre bruit la réveille, alors j’y vais en dernier.

Je vais vérifier que la couette se soulève bien, ou que j’entends leur respiration.

Officiellement, il ne faudrait pas qu’ils aient froid, que la couette ait glissée, ou qu’ils soient trop près du bord du lit. Mais c’est un prétexte. Toute une nuit sans être sûre qu’ils respirent, c’est trop long.

Je lis ici que je ne suis pas seule. Je pensais que c’était une déformation de maman-médecin.  Je me sens moins bizarre, moins « la fille qui a eu deux deuils rapprochés et qui ne s’en remets pas », moins « médecin qui n’arrive pas à relativiser les trucs affreux qu’elle a vu », juste maman.

Je vous laisse, il est tard, il faut que j’aille voir…

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Ceux qui lisent de vieux articles

Coucou vous!

Je repasse par ici. Avec une petite idée de dire bonjour et d’écrire. De redevenir DrMoyenne une fois les enfants couchés. C’est encore la période des vœux, est-ce cela qui m’a donné envie de vous donner des nouvelles?

WordPress s’ouvre automatiquement sur la page des statistiques et je vois plus de 100 personnes qui sont venus lire des articles par ici ce mois-ci, et les mois d’avant… Mais qui êtes-vous, lecteurs?

En tout cas, merci. Bisous. Merci.

 

 

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Mon cabinet idéal (un article avec beaucoup de rêve dedans)

J’ai un avis sur tout. La position de l’écran, le type de siège, un paravent ou pas, une table électrique ou pas, le meilleur endroit pour poser la balance, la solution hydro-alcoolique… Mais l’important ce n’est pas ça.

Ce que je voudrais, c’est un endroit où on partage les patients. Un endroit où quand je ne suis pas là  un collègue voit les gens dont je suis le médecin traitant et qui ont besoin d’une consultation. Et inversement, le jour où c’est mon collègue qui ne travaillerait pas.

Un endroit où les médecins se mettent d’accord entre eux pour partager les soirées de travail, les jours où chacun prend les urgences.

Un endroit où chaque médecin aurait le droit de ne pas travailler, sans avoir à justifier qu’il a des enfants, que son conjoint n’est pas dispo ce jour là, la nounou non plus, etc… où il serait normal que chaque médecin prenne du temps pour lui.

Un endroit où  les médecins pensent qu’on est un vrai généraliste même si on ne travaille pas jusqu’à 19h30, tous les jours.

Un endroit où tous les médecins du cabinet connaissent les patients graves, ceux en fin de vie ou qui appellent souvent, parce qu’on en a discuté ensemble de temps en temps.

Un endroit où les médecins échangent sur leurs pratiques.

Je rêve… Et ce rêve n’existe pas à Miniville. A Miniville la médecine générale à temps partiel ce n’est pas de la vraie médecine. A Miniville il y a trop de travail mais c’est « chacun ses patients ». A Miniville, constater que certains prescrivent plus d’antibiotiques que d’autres ou que certains n’ont pas de point d’eau pour se laver les mains, ça s’appelle « critiquer son collègue » (et c’est mal). A Miniville, des médecins tombent malades avant la retraite, alors ça fait réfléchir ceux qui restent. Certains me disent « c’est toi qui a raison de vouloir profiter de la vie maintenant ». Mais même ceux là ne voient pas comment je pourrais profiter de mes enfants et faire de la médecine générale en même temps.

Peut-être que je rêve trop. Peut-être qu’ils ont raison. Ils sont vieux, ils ont de l’expérience. Peut-être qu’ils ont mieux compris que moi qu’on ne peut rien changer. Peut-être que c’est à cause d’eux qu’on ne peut rien changer.

En tout cas à Miniville je reste salariée. Je renonce à faire de la médecine générale.

Si je déménage (quand je déménagerai), je retenterai ma chance ailleurs…

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Maman Moyenne remet sa blouse

Hey, salut!

Envie de reprendre du service aujourd’hui!

J’ai soigné des gens récemment. J’ai remplacé quelques confrères en médecine générale.

Le matin quand mon fils imitait la démarche de l’escargot sur le chemin de la nounou, et qu’il me demandait pour la 5e fois « pourquoi il faut marcher plus vite, maman????? » je lui répondais « parce que les gens attendent que je viennent les soigner ».

Ça m’a donné envie de refaire de la médecine libérale, et puis en même temps non.

J’étais contente de me sentir utile directement pour un patient en face de moi, et en même temps ils m’ont gavé les gens à vouloir « un antibio sinon sur moi ça ne passe jamais les virus » ou « un arrêt de travail, mais pour bien faire il faudrait que vous me mettiez jusqu’à lundi ».

J’étais contente d’être indépendante, d’organiser ma journée, et en même temps ça me stresse de pas trouver les maisons en visite et d’être en retard dans mes consultations.

J’étais contente de la variété qu’offre la médecine générale et en même temps je me suis sentie démunie face à cette douleur du genou (qu’est ce qu’on prescrit comme radio déjà?), ce monsieur qui doit vraiment voir un psychiatre et qui est d’accord mais le prochain rendez-vous est dans 3 mois, cette douleur thoracique qui n’a jamais été bilantée et qui dure depuis longtemps mais quand même c’est à l’effort donc pourquoi le collègue n’a pas fait de bilan cardio et donc si je le demande moi, est-ce que j’ai raté un truc?

J’étais contente de travailler dans plusieurs cabinets et de voir différentes pratiques mais en même temps j’ai eu du mal à répondre (ou ne pas répondre!) aux gens qui voulaient une prescription de « vaccin homéopathique contre la grippe, comme le docteur me prescrit tous les ans ».

Alors je suis revenue vous dire bonjour.

 

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La vie réelle, les questions que je me pose, sursaut du blog

Je ne suis plus là. Je sous marine sur mon propre blog.

Je lis les commentaires sans y répondre. Merci, merci, merci! à tous ces messages qui me font penser que je ne suis pas la seule à me poser ces questions.

Je suis dans la vie réelle. Je suis avec mon bébé, mon amoureux, mon ménage, ma lessive, mes courses, mon cours de yoga si j’arrive à être libre à l’heure, mon ordi, quand même, un peu.

Je marche sur des jouets, je repousse pour la Nième fois ce bricolage que j’ai envie de faire parce que bébé trouve que le parc c’est vraiment trop petit pour son envie d’exploration. Alors twitter, ça va trop vite pour moi. Alors écrire, ça demande de se poser trop longtemps.

Et puis c’est un blog de médecin généraliste. Et je ne fais pas de médecine générale. Pas au sens où la plupart des médecins généralistes l’entendent en tout cas. Docteur Moyenne est presque retournée à ses statistiques.

Je me demandais ce que je faisais là. J’ai choisi la médecine générale pour sa polyvalence. Et j’en profite à plein. Parce que je fais un travail de médecin, mais sans patient. Pour l’instant.

Mais je n’ai pas d’histoires de patients à raconter. Ou plutôt je n’ai pas envie de les raconter. Pas envie de vous dire dans le détail combien me pèsent ces gens qui attendent de moi que je les plaignent parce que leur mère de 90 ans est partie trop tôt, parce qu’ils ont perdu deux membres de leur famille en deux ans et que c’est insurmontable, deux deuils si rapprochés… C’est trop frais en moi, je ne peu pas me détacher de ma douleur pour écouter la leur…

J’ai envie d’écrire sur les questions que je me pose, sur ce que j’aurais aimé qu’on me dise avant d’accoucher de l’allaitement, de la parentalité (quel moche mot!), du sommeil des bébés, sur la cuisine, le tricot et le décollage d’enduit… sur l’émerveillement devant un bébé qui se retourne, qui a des dents, qui se dandine sur la musique et qui pointe du doigt. Mais ça ne va pas sur un blog de médecin? Alors ailleurs? Pour l’instant je ne sais pas…

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Désabusée

Je pars, désabusée.

Mon entourage proche me dit « Tu as bien raison, avec le bébé qui arrive et tout ça… Pars. Les conditions de travail en médecine libérale c’est pas possible… »

Mes maitres de stage me disent « Tu ne vas quand même pas t’en aller ? On est déçus, on te forme et tu t’en vas ! »

Je n’ai pas envie de ne pas jamais savoir à quelle heure je rentre. Je n’ai pas envie de ne faire la cuisine que le weekend. Je n’ai pas envie d’attendre la retraite pour me mettre au yoga ou à la poterie ou au jardinage. Je n’ai pas envie d’imposer à mon conjoint de changer ses horaires pour s’occuper seul du bébé qui arrive. J’ai envie de voir mon bébé, d’en profiter.

Je n’aime pas qu’on me demande « ce que je vais faire de mes journées» si je prolonge mon congé maternité pour être plus longtemps auprès de mon enfant.

J’ai envie d’un travail où la prévention à toute sa place. Je n’ai pas envie de donner des placebo aux gens pour que la consultation aille plus vite. Je n’ai pas envie de faire quelque chose « pour que le patient revienne » ou « pour qu’il soit content ».

J’ai envie d’un travail où la formation continue est une partie du travail, où elle est indépendante, où elle ne se fait pas au détriment de ma soirée en famille.

J’ai envie d’un travail où la démarche d’évaluation est normale, acceptée, et pas vécue comme une surveillance d’une instance supérieure qui nous voudrait forcément du mal.

Ce travail qui me fait envie, c’était encore la médecine générale libérale. Avant. Pas comme ceux que j’ai vus travailler, autrement, je n’allais pas me laisser faire, non mais ! J’en avais marre de leurs remarques, j’allais leur montrer, à tous, et à moi-même, qu’on peut faire de la médecine générale ET s’organiser autrement qu’eux le font depuis des années, sans courir après les patients, les heures, les actes, en ayant une VIE à côté.

J’allais le faire…

Et puis, quelque chose s’est rajouté. Plus profond, plus compliqué.

Les insomnies, la mort et la vie qui se superposent. Le nouvel être qui occupe ma tête en même temps que mon ventre, les gens morts qui hantent mes rêves, peut être pas si morts quand je ferme les yeux, les angoisses de ne pas réussir à profiter assez, assez vite, dans le temps imparti, les phrases entendues, les « tu n’arriveras jamais » qui, insidieusement, se faisaient vérité dans ma tête.

Je suis comme ça, on me colle une étiquette et hop, je deviens l’étiquette elle-même. Je lutte, d’habitude, mais je n’ai pas la force, là.

Les réflexions, du coup, sur pourquoi faire ce travail, pourquoi vouloir soigner, pourquoi se « prendre la tête » dans le temps qui reste. Pourquoi faire un travail difficile, si prenant psychologiquement, alors qu’on n’est pas là pour longtemps, que les belles choses s’arrêtent, souvent plus tôt que prévu.

Et puis l’espoir de pouvoir faire un break. Un autre travail ? Et pourquoi pas pas de travail du tout ? S’occuper du bébé, à plein temps. Faire les coussins que j’ai dessiné il y a des années, faire des pots, faire un potager. Cuisiner. Profiter. Me réparer. Essayer autre chose.

Alors, finalement, je pars.

Désabusée et culpabilisée de ne pas « avoir réussi à faire médecine générale* ». Avec tous ces patients qui cherchent un médecin traitant à Miniville, en plus.

Et Souristine a raconté son parcours . Et ça m’a donné l’espoir qu’on peut faire autre chose et revenir après. Et puis les 24 bloggeurs ont publié leurs idées. Et puis j’ai discuté avec des collègues qui aiment la médecine de premier recours mais ne veulent pas travailler comme leurs maitres de stage ou leur remplacés.

Alors je pars. Moins désabusée qu’il n’y parait…

*Une phrase entendue par mes collègues MG, parmi d’autres, notamment « pas besoin de faire 10 ans d’études pour faire ça » et « vous (les jeunes qui partez en salariat) n’avez pas conscience de votre valeur pour accepter un salaire pareil ». Une expression qui revient à dire « médecine générale = médecine libérale ». Est-ce que la médecine générale est uniquement la médecine de premier recours libérale, « de ville »? C’est la définition que beaucoup donnent, je pense qu’il y a plusieurs métiers de médecin généraliste, plusieurs « débouchés » avec un même diplôme, qui lui donnent plusieurs facettes. C’est aussi pour ça que j’ai choisi cette spécialité, pour les différentes voies possibles. Je n’ai pas l’impression de ne plus être généraliste sous prétexte d’être salariée.

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Brèves de stage

Je suis désabusée.

Le stage de médecine générale, c’est super, c’est bien que ça soit obligatoire, on devrait tous en faire deux minimum au cours de l’internat. C’est là que je me suis vraiment rendue compte que j’aime la médecine de premier recours.

Le stage chez le prat, c’est aussi découvrir l’envers du décor, le fonctionnement libéral, la compta. C’est aussi beaucoup de discussion « off the record » avec les maitres de stage. Ces discussions n’ont pas forcément renforcé mon envie de faire de la médecine générale.

En vrac et sans commentaire:

– La médecine générale c’est comme ça, ya plein de monde qui part en retraite, il faudra qu’on voit chacun plus de patients. Si tout le monde n’y met pas du sien, on n’y arrivera pas !

– Un exercice mixte, c’est intéressant, si on peut le faire, c’est bien ! Ah tu t’intéresses à la PMI et au planning familial ? Mais franchement, ils diagnostiquent quelque chose là-bas ? Tu ne crois pas que ce qu’il trouve le médecin de PMI, quand il voit les enfants de maternelle, j’aurais été capable de le trouver, moi ? Je reste convaincu qu’il n’y pas besoin de faire 10 ans d’étude pour être médecin de PMI ou du planning, honnêtement ? Et puis niveau rémunération, ça ne vaut rien, on ne fait pas carrière là dedans !

– 25 actes par jour, c’est cool tu sais, tu ne feras pas tourner un cabinet avec ça !

– Tu as besoin d’être sortie le mardi soir à 19 heures ? Ah ben c’est comme ça la médecine générale on ne choisit pas à quelle heure on sort !

– On a une place de plus dans notre cabinet, si tu cherches à t’installer. Le nouveau collègue qui vient d’arriver, il est à 25 actes par jour, c’est en train de décoller. Bientôt il aura des vraies journées…

– (à la bientôt plus interne enceinte de cinq mois) Ah tu vas bosser 35 heures ? Ben tu pourrais venir faire un remplacement régulier d’une ou deux journées par semaine chez moi, alors ?

– Tu sais combien je fais d’actes par jour, moi ? Allez, dis un chiffre ! (petites étoiles dans les yeux) … – Heu, ben… Je ne sais pas, 45 ? 50? -Hé non ! 60 ! (sourire, rengorgement de fierté) – …

– Tu n’arriveras jamais à faire médecine générale si tu n’apprends pas à travailler plus vite. Tu vois moi, le patient, il entre, je le regarde, le plus souvent, je sais déjà ce qu’il a. J’ai une sorte de sixième sens…

– Tu n’arriveras jamais à t’en sortir en médecine générale si tu ne travailles pas plus vite. Faut être efficace, avec ton bébé qui arrive, tu auras envie de rentrer le soir, et il faut bien faire un certains nombre d’actes parce que les patients, ils sont là, ils attendent !

– Bonjour, comment vas tu ? J’ai appris pour le décès de ta maman, qu’est ce qui s’est passé ? Elle était malade ? Tu reviens quand ? Je te remets des consult’ en plus l’après midi où tu rentres, pour rattraper un petit peu les trois jours d’absence, OK ?

– Tu sais toutes les prises en charge se valent. Moi je mets beaucoup d’antibiotiques, mais j’ai moins de gens qui reviennent pour le même problème comme ça. Et puis ces histoires de résistances, c’est un truc de CHU, ça. Ils nous pondent des études pour dire qu’il faut moins d’antibiotique mais au final PERSONNE ne sait si c’est viral ou pas ce qu’on voit en médecine générale car les études sont faites par des professeurs au CHU.

– Il faut que tu te sortes de la tête toutes ces histoires qu’on t’a apprises à la fac, au CHU ! Je te parle de médecine générale, moi ! Il faut que tu questionnes un peu ce que l’on t’as appris, c’est pas parce qu’un Professeur de la faculté a dit qu’il faut pas mettre d’antibiotique que c’est vrai !

– Si tu veux pour les gens qui demandent de l’homéopathie, j’ai ce petit bouquin (Boiron). -Mais moi je suis pas convaincue par l’homéopathie, donc je leur dit aux gens, de ne pas s’adresser à moi, que je ne renouvelle pas l’ordonnance de leur homéopathe, s’ils y croient, s’ils ont l’impression que ça marche, ils vont les acheter directement en pharmacie ou ils vont voir le « spécialiste »… – Ah mais ON EST D’ACCORD que c’est un placebo, hein! Mais plutôt que de tergiverser, leur expliquer, et tout, je leur mets, ils sont contents, et ça ne fait pas d’effet secondaire, au moins, je suis tranquille ! Tu verras quand tu auras ton cabinet, tu peux pas toujours tout expliquer !

– Les streptotests ? De toutes façons est ce que ça marche bien ? J’en fais une série de temps en temps sur les angines quand j’ai une petite épidémie et c’est rarement positif… Alors que les gens si je leur mets pas d’antibiotique au bout de quelques jours ils reviennent ils ont toujours aussi mal !

– Faire revenir les gens pour réexaminer l’enfant à 48 heures, c’est clairement impossible, après ils t’accusent de vouloir faire des actes sur leur dos.

– Les bandelettes urinaires ? Nan j’en fait pas c’est une perte de temps, de toutes façons, c’est clair qu’elle a une infection, là !

– Ah ça, la « bronchite dentaire », c’est pas un truc qu’on apprend dans les livres ! Tu ne verras pas ça ailleurs que chez moi !

– Je regrette de ne pas avoir réussi à te faire comprendre ce qu’est la médecine générale.

– L’argent de la sécu, moi, c’est pas mon problème !

PS: Suite à une remarque de DrMilie sur Twitter, je précise quand même que c’est un florilège de phrases de plusieurs maitres de stage…

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Remise en questions

J’ai une forte capacité à me remettre en question, mais genre très forte. Surtout si on me fait des reproches. La moindre remarque qui me parait absurde au premier abord entraine une vérification de mes sources, avant d’assurer que non, je ne me trompais pas… ou de changer ma pratique parce que oui, je me trompais. C’est vrai avec les patients, et avec mon maitre de stage, bien sûr. Puisque le but est de me faire progresser, non ?

Mais là je ne sais plus. Je n’ai pas de réponse à mes questions.

Quand je m’interroge sur la prise en charge de ce tympan un peu rouge : faire revenir l’enfant pour surveiller le tympan ? lui donner des antibio tout de suite ? On me répond que j’aurais du mettre oroken/prednisone/pivalone, « D’ailleurs qu’est ce que tu risques à lui mettre ce traitement ? »

Quand je m’interroge sur le choix de l’antibio de l’otite, devant la sensibilité diminuée  à la pénicilline de certains pneumocoques, on me dit que je ne remets jamais en question les cours magistraux des profs de fac jamais sortis de leur CHU, que les résistances n’existent pas hors de l’hôpital. Je me dis donc  on met de l’amoxicilline, puisqu’il n’y a pas de résistance ? La réponse est non on met de l’orelox.* Je ne comprends rien.

Quand j’explique longuement au patient pourquoi je ne lui mets pas de spray-débouche-nez,  à cause des effets secondaires, surtout chez lui qui a de la tension, on me répond que le cachet-débouche-nez (que je trouvais bien pire) ça marche bien,  « les AVC je n’en ai jamais vu depuis le temps que je suis installé ».

On balaie mes interrogations en me renvoyant à l’importance de l’ »expérience personnelle » et au choix du patient.

Du coup, je me remets en question, je demande si mon maitre de stage a l’impression que je ne laisse pas de place au choix du patient ? J’ai l’impression pourtant, je discute à chaque consultation,  je fais parfois un bilan « pour rassurer », je donne des médicaments pour la toux parce que « là c’est plus possible docteur il me faut quelque chose pour dormir », je change de marque pour une même DCI parce que « ce comprimé-là, il ne me fait rien »….

Mais la réponse est toujours la même : il ne faut pas que je le prenne pour moi ! Je n’ai pas le droit de dire qu’on a jugé ma prise en charge, ce n’est pas un jugement car tout se vaut… Toutes les prises en charge sont bonnes, de l’association paracétamol/sérum phy au triplet antibio/corticoïdes/spray-débouche-nez car « dans les rhinopharyngites, il n’y a pas d’études qui étudient les traitements, et quand il y en a c’est sur 30 patients, c’est ridicule ».

A chaque remarque-que-je-ne-dois-pas-prendre-pour-moi, je cherche (oui j’ai vérifié si on met des antibio et des corticoïdes dans la rhinopharyngite, je cherche tout, je n’ai aucune confiance en moi je vous dis !). A chaque remarque, je ne ramène pas les études en stage la semaine d’après parce que je ne veux pas revivre la discussion qui m’est pénible. Parce qu’à chaque fois que j’ai essayé, j’ai entendu que je suis trop scientifique et que j’oublie l’expérience personnelle et le choix du patient.

A chaque remarque, mon amoureux en a marre de me récupérer toute pas sûre de moi le soir. A chaque remarque, mon ulcère progresse…

 

* Désolée pour les non médecins qui passeraient par là, cette question m’a tellement embêtée que je l’ai mise telle quelle. En gros: les bactéries qui donnent des otites sont partiellement résistance à un antibiotique courant, l’amoxicilline, donc soit il faut augmenter les doses, soit mettre un autre antibiotique. Si on pense qu’il n’y a pas de résistance, on devrait logiquement mettre de l’amoxicilline sans scrupule.

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Derrière le nombril

Si vous voulez un post médical, passez votre chemin. Aujourd’hui c’est message narcissico-geignard sans autre intérêt que de soulager mon nombril et de vous racontez ce qui se passe derrière. Ne venez pas vous plaindre après, la suite de la lecture est à vos risques et périls.

N’ayant plus de maman pour être mon inconditionnelle supportrice, je me plains en public, voilà.

Nous avons entrepris de repeupler la planète ma famille désertée. Donc j’ai emménagé dans une nouvelle maison avec plein de chambres il y a 2 mois et demi et depuis 2 mois et demi je vomis. Cherchez le rapport. La maison est très belle, rassurez vous. Je vomis parce que j’ai trop d’hormones, trop de boulot, parce que les consultations me gavent, parce que j’ai sauté un repas, parce que j’angoisse, allez savoir. Mais je vomis, et j’en ai marre. Je suis esclave de mon estomac, si je ne mange pas à la seconde où il commence à manifester une pointe de faim, je vomis… les trois ou quatre repas suivants.

J’ai testé les médicaments, même ceux que Prescrire dit qu’ils sont pas bons,  le magnésium (!), l’homéopathie (!!), le gingembre, le sorbet au citron, ne plus manger, manger tout le temps. Et puis j’ai trouvé ça:

(vous entendez ce petit « Halléluia! » en fond sonore?)

Les glaces à l’eau tupperares sont mes meilleures amies! (Oui ça parait triste dit comme ça) Avec une préférence nette pour jus d’orange-sirop de grenadine, sachez-le.

Après 36 essais de traitement, je retiens donc le glaçon comme le plus efficace (avec la doxylamine quand même pour les nausées matinales et pour être tout à faite honnête… mais ça a moins bon goût).

En même temps j’aurais pu juste lire ça.

Et puis je teste une autre technique efficace pour supprimer toutes les autres causes qui pourraient participer à mes nausées, je pars en VACANCES, ne rien faire pendant une semaine entière…

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