Ceux qui respirent encore

J’y vais tous les soirs. D’abord voir mon « grand », parce que sa chambre est en face de l’escalier. Puis la petite, parce qu’elle est au bout du couloir, et parce que le moindre bruit la réveille, alors j’y vais en dernier.

Je vais vérifier que la couette se soulève bien, ou que j’entends leur respiration.

Officiellement, il ne faudrait pas qu’ils aient froid, que la couette ait glissée, ou qu’ils soient trop près du bord du lit. Mais c’est un prétexte. Toute une nuit sans être sûre qu’ils respirent, c’est trop long.

Je lis ici que je ne suis pas seule. Je pensais que c’était une déformation de maman-médecin.  Je me sens moins bizarre, moins « la fille qui a eu deux deuils rapprochés et qui ne s’en remets pas », moins « médecin qui n’arrive pas à relativiser les trucs affreux qu’elle a vu », juste maman.

Je vous laisse, il est tard, il faut que j’aille voir…

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A propos BabydoOc

Interne en médecine générale à Miniville, se demandant où elle va, par quel chemin et dans quel état...
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Un commentaire pour Ceux qui respirent encore

  1. Moineau dit :

    Je crois que c’est très commun, je ne compte pas les fois où en pleine nuit je suis allée poser la main sur le torse de mes fils pour sentir leur poitrine se soulever… et en discutant avec d’autres mamans, toutes faisaient la même chose (la technique varie mais l’objet est toujours le même : se convaincre que tout va bien alors que des angoisses surgissent).

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