Je pars, désabusée.
Mon entourage proche me dit « Tu as bien raison, avec le bébé qui arrive et tout ça… Pars. Les conditions de travail en médecine libérale c’est pas possible… »
Mes maitres de stage me disent « Tu ne vas quand même pas t’en aller ? On est déçus, on te forme et tu t’en vas ! »
Je n’ai pas envie de ne pas jamais savoir à quelle heure je rentre. Je n’ai pas envie de ne faire la cuisine que le weekend. Je n’ai pas envie d’attendre la retraite pour me mettre au yoga ou à la poterie ou au jardinage. Je n’ai pas envie d’imposer à mon conjoint de changer ses horaires pour s’occuper seul du bébé qui arrive. J’ai envie de voir mon bébé, d’en profiter.
Je n’aime pas qu’on me demande « ce que je vais faire de mes journées» si je prolonge mon congé maternité pour être plus longtemps auprès de mon enfant.
J’ai envie d’un travail où la prévention à toute sa place. Je n’ai pas envie de donner des placebo aux gens pour que la consultation aille plus vite. Je n’ai pas envie de faire quelque chose « pour que le patient revienne » ou « pour qu’il soit content ».
J’ai envie d’un travail où la formation continue est une partie du travail, où elle est indépendante, où elle ne se fait pas au détriment de ma soirée en famille.
J’ai envie d’un travail où la démarche d’évaluation est normale, acceptée, et pas vécue comme une surveillance d’une instance supérieure qui nous voudrait forcément du mal.
Ce travail qui me fait envie, c’était encore la médecine générale libérale. Avant. Pas comme ceux que j’ai vus travailler, autrement, je n’allais pas me laisser faire, non mais ! J’en avais marre de leurs remarques, j’allais leur montrer, à tous, et à moi-même, qu’on peut faire de la médecine générale ET s’organiser autrement qu’eux le font depuis des années, sans courir après les patients, les heures, les actes, en ayant une VIE à côté.
J’allais le faire…
Et puis, quelque chose s’est rajouté. Plus profond, plus compliqué.
Les insomnies, la mort et la vie qui se superposent. Le nouvel être qui occupe ma tête en même temps que mon ventre, les gens morts qui hantent mes rêves, peut être pas si morts quand je ferme les yeux, les angoisses de ne pas réussir à profiter assez, assez vite, dans le temps imparti, les phrases entendues, les « tu n’arriveras jamais » qui, insidieusement, se faisaient vérité dans ma tête.
Je suis comme ça, on me colle une étiquette et hop, je deviens l’étiquette elle-même. Je lutte, d’habitude, mais je n’ai pas la force, là.
Les réflexions, du coup, sur pourquoi faire ce travail, pourquoi vouloir soigner, pourquoi se « prendre la tête » dans le temps qui reste. Pourquoi faire un travail difficile, si prenant psychologiquement, alors qu’on n’est pas là pour longtemps, que les belles choses s’arrêtent, souvent plus tôt que prévu.
Et puis l’espoir de pouvoir faire un break. Un autre travail ? Et pourquoi pas pas de travail du tout ? S’occuper du bébé, à plein temps. Faire les coussins que j’ai dessiné il y a des années, faire des pots, faire un potager. Cuisiner. Profiter. Me réparer. Essayer autre chose.
Alors, finalement, je pars.
Désabusée et culpabilisée de ne pas « avoir réussi à faire médecine générale* ». Avec tous ces patients qui cherchent un médecin traitant à Miniville, en plus.
Et Souristine a raconté son parcours là. Et ça m’a donné l’espoir qu’on peut faire autre chose et revenir après. Et puis les 24 bloggeurs ont publié leurs idées. Et puis j’ai discuté avec des collègues qui aiment la médecine de premier recours mais ne veulent pas travailler comme leurs maitres de stage ou leur remplacés.
Alors je pars. Moins désabusée qu’il n’y parait…
*Une phrase entendue par mes collègues MG, parmi d’autres, notamment « pas besoin de faire 10 ans d’études pour faire ça » et « vous (les jeunes qui partez en salariat) n’avez pas conscience de votre valeur pour accepter un salaire pareil ». Une expression qui revient à dire « médecine générale = médecine libérale ». Est-ce que la médecine générale est uniquement la médecine de premier recours libérale, « de ville »? C’est la définition que beaucoup donnent, je pense qu’il y a plusieurs métiers de médecin généraliste, plusieurs « débouchés » avec un même diplôme, qui lui donnent plusieurs facettes. C’est aussi pour ça que j’ai choisi cette spécialité, pour les différentes voies possibles. Je n’ai pas l’impression de ne plus être généraliste sous prétexte d’être salariée.
Je me reconnais vraiment beaucoup dans ton texte.
Pas moi maintenant, mais moi il y a quelques années, pas si lointaine.
Moi qui sortait de 4 semestres d’internat dont un chez le prat, presque aussi décevants les uns que les autres… enfin décevant n’est pas le mot, mais beaucoup de désillusions.
Moi qui ne rêvais que de mon congé mat’, pour m’occuper de moi et de ma famille.
Moi si heureuse à la maison avec ma fille, qui déprimait à l’idée de devoir y retourner. Pourquoi y retourner d’ailleurs, la médecine ça me plaît pas, pas comme ça. Je m’occuper de mon bébé, en faire d’autres, apprendre à coudre, avoir un jardin, faire enfin tous les bricolages qui attendent d’être fait, faire la cuisine « pas que le week-end » tu le dis très bien.
Finalement j’y suis retournée, évidement, pas eu le choix, mais ce break m’a fait un bien fou, et j’ai pu y retourner finalement beaucoup plus sereinement, et même si c’est pas toujours facile de tout concilier, je crois que j’ai une vie équilibrée 🙂
Je suis heureuse que tu ais rencontré virtuellement ou non des médecins qui te redonne un peu d’espoir dans ce métier, mais honnêtement pour l’instant…
… tu as raison. Pars, repose-toi, profite, et répare-toi. Tu en as besoin.
Et quand tu seras prête, peut-être que tu reviendras. Ou peut-être que pas si loin, à GrosVillage, tu trouveras un associé avec qui ça se passe bien et qui voit les choses de la même manière que toi. Avec qui tu pourras t’arranger pour faire 2 jours par semaine en PMI si c’est ce que tu veux.
Tu as le temps, ne te mets pas la pression.
Votre témoignage me touche beaucoup. Je suis installée et heureuse de l’être ( depuis 2 ans, j’ai 34 ans, en semi-rural) et je vis correctement en ne faisant qu’une vingtaine d’actes par jour, je prends mon temps et je n’ai pas l’impression d’avoir baclé mes consultations.
Ma seule certitude à l’heure actuelle : il est impératif d’aller bien, physiquement et psychologiquement, et de s’éloigner régulièrement.
Il faut bien se connaitre et les étiquettes, bah on les emmerde…
J’ai eu la chance de rencontrer très tôt une femme généraliste géniale qui m’a montré que c’était possible.
Surtout, prenez soin de vous
Merci, j’espère que vous faites la démarche pour être MSU, je pense qu’avoir un exemple de personne qui vit correctement avec un équilibre perso/pro plus proche de ce à quoi j’aspire m’aurait fait du bien en stage…
J’ai rencontré ça il y a 20 ans. Le rempla qui m’a permis de voir qu’il était possible de faire ce métier autrement.
Aujourd’hui, je suis MSU, je suis rentré chez moi à 18 h, je profite de mes petits mecs après avoir profité de mes fifilles. Et je fais voir à mes internes ma belle maison et mon bonheur d’exercer à la campagne.
Les réflexions de tes MSU me font mal. Ce sont des médecins du XXe siècle. Ils vont disparaître mais ils ne le savent pas.
Courage, courage, tu es visiblement mal tombée pour ton stage chez le prat.
J’ai eu 1 enfant pendant l’internat, et ça a été la galère: aucun aménagement, et la pression de l’entourage (« ta carrière »…). J’ai fini l’internat enceinte du 2ième enfant. J’ai décidé de faire des remplacements, même en sachant que je n’aurais pas de prise en charge pour mon congé maternité, mais ça ma permis de travailler à temps partiel sans faire de nuit pendant ma grossesse. Cette grossesse là a été la plus facile.
J’ai fait des remplacements jusqu’à ce que mon ainée rentre en CP. C’était super, je travaillais à temps partiel. La pénurie de remplaçant était telle que j’avais du boulot pratiquement tout le temps, et que je choisissais de ne travailler que dans les cabinets où la façon de pratiquer était proche de mes aspirations. Ca m’a pris à peu près un an pour me faire mon réseau. J’ai beaucoup appris sur le métier, et surtout sur la façon dont je voulais l’exercer.
Je me suis installée pour pouvoir avoir un emploi du temps plus régulier (le statut de collaborateur n’existait pas encore, et la collaboration avec un statut de remplaçant était précaire, je l’ai appris à mes dépends) et … assurer tous les mercredis avec mes enfants. J’en ai eu aussi assez, en temps que remplaçante, de devoir perpétuellement me glisser dans la peau de « l’autre », je voulais « modeler » mon mode d’exercice. J’ai choisi de m’installer avec un médecin que je remplaçais depuis 2 ans, avec qui je m’entends très bien professionnellement. Nous avons une secrétaire (indispensable), prenons chacun un jour de repos dans la semaine, et travaillons un samedi sur deux. Celui qui est au repos est INDERANGEABLE. Si se pose un problème grave pour un patient, l’autre gère puis transmet. Les patients, au fil du temps, acceptent de ne pas choisir leur médecin dans l’urgence.
L’essentiel est de poser clairement des règles d’organisation et de s’y tenir. Je reçois sur rendez-vous, et il m’a fallu par exemple être très ferme avec les patients qui prennent un rendez-vous et de pointent à deux ou trois: une explication systématique, un report (il ne faut pas les envoyer ballader), et, avec le temps, l’habitude se perd. Ceux qui ne supportent pas vont voir ailleurs, mais les autres comprennent que c’est une affaire de respect mutuel: « je vous fais prendre le temps d’une consultation, mais je prends le temps de m’intéresser à vous ». A la longue, c’est payant. Ce n’est qu’un petit exemple, mais c’est valable pour tout.
Le respect mutuel avec les patients s’établit au fil du temps, c’est un travail de longue haleine, de tout instant, c’est épuisant, mais ça paye. C’est aussi pour ça qu’il vaut mieux être à plusieurs, avec de la personnalité et de la connivence, parce c’est dur de résister quand on a un coup de mou.
Depuis la naissance de mon troisième enfant, j’organise un peu plus mon activité: les rendez-vous « longs » (je prévois 1/2 H pour les visites des nourrissons, les consultations avec ECG ou frottis, certains actes « psy ») jamais après 16 H, tout le non-urgent avant 18 heures, et je garde la tranche 18-19 H pour les petites urgences. Ca impose à la secrétaire de trier, mais ça fonctionne.
Je vis en faisant entre 20 et 25 actes par jour en semaine. Je gagne moins que si je faisais 40 actes-bidons-nez-qui-coule par jour sans salarier de secrétaire, mais je peux prendre le temps de faire de la médecine de famille intéressante et utile pour les patients.
Le mercredi et le WE, je zappe complétement: je me transforme en mère de famille, j’enterre le portable au fond du jardin.
Les enfants s’y font très bien. Ils savent que je fonctionne en mode on/off.
J’ai toujours eu des nounous super (Merci les ass-mat’!!!), cool et disponibles. Là, le choix est TRES important.
Je suis fan du Drive pour faire mes courses.
Le dimanche matin, je vais dans mon petit jardin secret monter sur le dos de ma ponette, histoire d’avoir aussi un moment rien que pour moi dans la semaine.
Courage, on peut faire de la médecine générale intéressante et avoir une vie de famille, mais il faut de l’organisation.
c’est un métier sympa, mais on bosse beaucoup, et il faut se donner soi-même les moyens de l’exercer dans de bonnes conditions.
Merci, ça fait du bien de voir un récit de vie de médecin qui y arrive. Je ne doute pas que c’est possible, du reste.
Mais là, le cumul des étiquettes (que j’ai bien voulu me laisser coller sur le front), de mes fantômes personnels, de mon amoureux-cadre-qui-n’a-pas-d’horaire, et peut-être aussi d’avoir testé un boulot de 35 heures avec un planning défini à l’avance et plusieurs demi-journées libres par semaine, tout ça fait que je n’ai pas du tout envie de voir des patients en ce moment, ou alors vraiment 4 à 8 heures par semaine pourquoi pas? mais plus ça me semble ingérable… Et puis je gagne pareil que si j’avais une faible activité de MG, sans faire de compta, sans être attachée à un endroit pour l’instant…
Bref mon choix est fait, mais non définitif. Déjà l’idée de faire la même chose toute la semaine me semble infaisable!
Ce qui est dur c’est cette impression d' »abandonner le navire » parce que je ne sais pas être égoïste, j’ai un intérêt pour la démographie, je sais bien que les gens cherche un médecin traitant… Et peut-être aussi je sais que je peux être bonne comme médecin de premier recours, en fait 😉
Mais encore une fois pas maintenant.
Je suis en mode nidification, évitement des incertitudes au maximum 🙂
Mal tombée en stage? A Miniville il y a UN médecin généraliste installé de moins de 50 ans (sur une vingtaine) donc ces MSU reflètent peut-être juste le médecin moyen du coin 😉
Et puis ça représente 2 stages de 6 mois, 5 MSU différents… (4 en fait, je ne cite pas Superprat qui n’avait pas sa place dans ce post)
Pas de panique.
Tu as raison de te tourner vers ton bébé. Personnellement, en fin de grossesse, à par le catalogue PRENATAL et les patrons de couture BURDA LAYETTE…
Rien n’est jamais définitif. C’est normal que les patients te gonflent en fin de grossesse. Si tu bénéficies d’un congé maternité, profite-s-en, c’est précieux.
Pour ma deuxième grossesse, je me suis arrêtée de travailler à 8 mois, j’étais en forme, mais je n’avais plus rien à faire des problèmes des gens. Je me suis arrêtée par peur de laisser passer un truc grave tellement je en me sentais plus concernée.
J’ai un stage qui n’a pas été validé à cause de ma première grossesse (enceinte dans un hôpital de périphérie où on n’était que 4, donc pas de dispense de garde, j’ai fait une MAP à 6 mois). Finalement, ce n’est que 6 mois de stage sur toute une vie. 9 ans d’études, ou 9 et demie, au point où on en est…
J’ai eu la chance de faire ma thèse avec un pédiatre, qui a tout à fait compris que je mette le travail en suspens quelques mois pour la deuxième grossesse. Le conseil de l’Ordre n’a pas été cool quand j’ai demandé une prolongation de 1 mois de ma licence de remplacement parce que je n’arrivais pas à réunir mon jury: « vous n’aviez qu’à pas…. ». Eux, ils ne sont pas près d’évoluer.
Comme je te le dis, la configuration familiale change avec le temps, les enfants grandissent et l’organisation change perpétuellement, ça a son charme.
Pour ce qui est des horaires du conjoint et de leur stabilité, mon conjoint est… intermittent du spectacle. En matière d’horaires de bureau, on fait mieux!
Fais ton petit d’abord, occupe-toi de lui, c’est plus important. Le reste, tu reprendras quand tu auras le nez sorti des couches, tu trouveras que finalement, c’est intéressant.
La nature fait bien les choses, en fin de grossesse, on ne s’intéresse plus à rien d’autre, je ne sais quel psychanalyste appelait ça la « préoccupation maternelle primaire » (qui est aussi paternelle, soit dit en passant).
Etre femme et médecin, ça commence à rentrer dans les moeurs. Etre mère et médecin, c’est compliqué, ce n’est pas encore socialement admis, et il nous faut jouer des coudes pour dire de temps en temps: « STOP, J’ENFANTE ». Comme les autres, on y a droit.
Pour te dire à quel point on reste « médecin » même enceinte jusqu’aux oreilles, l’anesthésiste qui était présente pendant mon deuxième accouchement, en pleine nuit, m’a bassinée avec l’évolution de la démographie médicale en milieu rural pendant toute l’expulsion! J’ai eu du mal de trouver des solutions à dilatation complète…
Ah oui tiens, ça me fait penser que j’ai aussi une thèse à faire! 🙂
Et la prolongation de licence de rempla pour remplacer un médecin salarié mouarf mouarf, pas la peine d’y penser…
Enfin un travail qui prend un peu de recul ça me plait donc je devrais réussir à sortir des sites supermaman et vertb****t pour m’y mettre,après quand bébé sera là, je mettrai en stand by la thèse,c’est prévu…
Et sinon: ça m’a fait rire mais en vrai quelle horreur l’histoire de l’anesthésiste! Ma gynéco est la première personne à soutenir mon projet de poste salarié sans patients, j’apprécie beaucoup ses conseils de médecin-maman…
Juste envie de dire qu’il y a un tps pour tout, et que pour l’instant, c’est votre temps à vous 2, (enfin 3, même si pour le conjoint-cadre-qui-n-a-pas-d-horaires, ça risque de n’arriver qu’à partir du jour J) … Pendant ces 9 mois, on a déjà du mal à trouver ses marques entre la fille, la femme « d’avant » , et la future femme et mère qui se profilent, mais qui demeurent encore des inconnues … Sans même parler de ce petitou à venir… tant de personnes à découvrir, finalement…
Alors les projets professionnels, c’est compliqué, on y pense, on les aborde avec un angle nouveau, et surgissent de nouvelles interrogations, qui étaient purement théoriques avant d’y être soi-même confrontées (l’équilibre « vie perso / vie pro », on a plein d’idées sur la question avant de se projeter soi-même en équilibriste sur le fil familial ) ….mais ce n’est pas le bon moment pour y répondre.
Quand ton regard ne sera plus porté sur l’intérieur qui t’habite, quand il sera un tout petit peu rassasié de ce nouvel être qui va emplir ta vie, quand il se posera étonné sur toi même avec un « tu vois, tu y arrives, si si … » , tu verras ce que tu veux faire professionnellement …et ce sera bien.
En attendant , profite et savoure ces instants …
J’ai bien aimé votre article surement parce qu’une partie de moi s’y reconnait comme beaucoup d’autres inévitablement. Il faut avoir le courage de s’avouer certaines choses, ça permet d’avancer. Et faire un break est le meilleur moyen pour prendre du recul, chose impossible à faire lorsque l’on reste tête dans le guidon, à enchaîner les jours de boulot sans finalement savoir à quoi ça rime. On finit par ne plus prendre le temps de se poser les bonnes questions et on avance comme un automate. Après, à chacun son équilibre, la vie c’est ça, une recherche permanente du dosage parfait. Et il faut parfois se tromper dans les mesures pour mieux cerner nos attentes.
Bon cocooning à vous !
Je découvre ton billet, et suis touchée d’y être citée.
Combien de fois ai-je entendu « mais enfin, t’as pas fait 10 ans d’études pour rester à la maison avec tes gosses? »
Il m’aura fallu arriver à mon 3ème bébé pour accepter sans culpabiliser l’idée qu’on a qu’une vie, pas tant de grossesses et nouveaux-nés dans cette vie, et que si on a ENVIE de prendre ce temps pour sa famille, what the hell?!
Alors pour l’instant j’exerce une toute petite activité salariée qui me plaît, et le reste du temps je suis maman au foyer.
Avec en ligne de mire, une installation en temps partagé avec une autre médecin-maman, quand mon dernier bébé aura 1 an environ.
Financièrement c’est un peu chaud, mais c’est tellement important pour moi d’en profiter maintenant!
Alors va, ouvre cette parenthèse de ta vie, qui durera peut-être un an ou une décennie ou toute ta carrière. L’essentiel est de trouver un équilibre entre vie privée et professionnelle, et peu importe ce qu’en pensent les autres.
Merci, je me répète mais ça fait du bien de voir d’autres personnes qui sont médecins généralistes mais d’une autre façon… Les « vieux médecins qui me disent « tu fais pas 10 ans d’étude pour être mère au foyer », j’en entends, ça me fait plus de peine quand ce sont des internes ou de jeunes médecins qui te disent, pensant se montrer compréhensifs « OK là t’es enceinte t’as raison de faire autre chose, et après tu reviendra faire de la médecine générale, parce que là c’est pas vraiment de la médecine ».
Un jour je parlerai de ce que j’ai fait avant, quand je n’étais pas vraiment médecin, non plus.
comme les autres je pense que tu es quand même mal tombée. Ceci dit quand j’ai fait mon stage liberal c’etait un peu pareil
Je suis collaboratrice, depuis 2 ans au même endroit avec quasi un statut d’installée, j’ai mes patients, je fais ma compta etc etc.
Pourtant, je bosse 5 demi journées par semaine ou je vois en moyenne une douzaine de patients, parfois 15 ou plus le lundi matin. un samedi matin sur 2.
J’ai mon mercredi qui est dédié aux enfants
j’ai mon mardi matin ou je vais courir.
Le lundi et jeudi apres midi (du moins entre 13h30 et 16h30 heure de l’ecole) je suis libre de mon temps (je fais les courses, un peu de rangement, estheticienne, enfin ce que je veux)
le jeudi soir c’est zumba cette année…
Certes je finis à 20h mais seulement 2 soirs par semaine, ce qui est tout à fait gérable.
Ma collegue qui part à la retraite bientôt fais les même horaires (inversés), en bossant legerement plus (commence plus tôt, finit plus tard)
pourtant j’ai un homme qui bosse 10/12h par jour et qui est souvent absent.
Je trouve que je gagne suffisamment ma vie, je n’ai pas besoin de plus.
Comme quoi, c’est faisable…
Je découvre votre blog à l’instant. Merci d’avoir partagé vos réflexions et vos doutes. C’est important de sentir ce qui semble juste pour soi, en dépit des loyautés et des « il faudrait que » que la vie nous impose. Cela permet de faire des choix que, peut-être, on ne se serait pas autorisé à faire. De nombreux commentaires soutiennent votre décision. C’est précieux : un support pour avancer moins seule. Je vous souhaite de jolis moments pour cette année 2013.
Bonjour de l’hemisphere sud , j’arrive un petit peu tard juste pour dire que l’on peut etre bien dans ce metier . je suis une vieille , j’ai fait sante publique et les stages de pediatrie et ete medecin de Pmi avec bonheur et une activite clinique tres interessante , il faut choisir son lieu d’exercice , change quelquefois , bouger quand l’administratif prend le pas … j’ai exerce aussi 2ans au vietnam et je suis au mozambique depuis 8 mois . J’apprends beaucoup , ( une nouvelle langue , des pathologies jamais vues …) a tous les niveaux . Je finis a 16h l’apres midi , vais chercher mon enfant a l’ecole , fais du yoga , admire , discute . C’est un metier passionnant que l’on peut exercer partout ! Je suis d’accord pour dire non a ce qui est invivable et je vous souhaite une tres Belle Vie et Bienvenue au BB +++
Bonjour!!
Prends soin de toi et de ton bébé, c’est un moment important dans la vie d’une femme! tu auras toute la vie pour décider de faire ou non MG libérale ou salariée… T’as déjà une chance énorme d’être médecin, si beau métier!!!
Je suis maman depuis peu et je sais que le temps passe si vite! tu as le droit de faire ton break! la société aujourd’hui nous dit d’aller toujours plus vite, mais c’est faux… on a toutes le droit d’être mère. Tu sais, même dans d’autres métiers, cela reste difficile de concevoir… les patrons veulent des gens disponibles, sans famille! serons nous touts des robots un jour?
T’as un métier incroyable et polyvalent! j’aurais aimé avoir l’opportunité de pouvoir au moins essayer de tenter le PACES, mais pour moi c’est trop tard! j’aurais aimé être MG dans une petite ville. pas grave, la vie continue!
Courage!
Je suis un « vieux » médecin généraliste salariée depuis 20 ans..l’âge de mon premier enfant.J’ai pas su-pu tout gérer et les réflexions que vous citez , je les ai souvent entendues.;;Quand je reçois des jeunes internes en stage , j’ai beaucoup d’affection pour ces jeunes femmes qui veulent tout concilier…au nom de quoi , de quel idéal , devrait-on être une super-médecin-femme-épouse-maman ? J’ai eu 3 enfants et je n’ai jamais regretté ce salariat que pourtant je pensais quitter quand mes enfants seraient grands…mais je fatigue et je m’écoute , après les enfants il y a les petits enfants…Chacune fait comme elle peut , nous n’avons pas toutes les mêmes aspirations , la même énergie , les mêmes loisirs..chacune doit construire sa route , celle qui lui va , et je me moque des réflexions du genre »autant d’études pour un salaire de cadre infirmière »..
Surtout quand elles viennent de nos chers collègues masculins qui sont incapables de vous citer le nom d’un seul copain de leur gosse…bah , chacun ses priorités , les miennes , ce sont les patients de 9h à 18 h , sans nuit , sans we et avec des vacances en même temps que mes enfants.Ce n’est pas négociable!
Pensées affectueuses à vous , et merci de ce débat vieux comme la féminisation de notre métier.