Une oasis dans mon désert

Un mini post de revenante.

Un de ces jours je vous parlerai de mon baby blues anticipé, de mon mummy blues et de mon brother blues peut-être aussi, de ma culpabilité de quitter le navire de la médecine générale, de qu’est-ce que je fous en médecine générale d’ailleurs, de la guerre des « mon pharmacien m’a dit c’est non substituable manuscrit sinon ça marche pas »…

En attendant je suis dans mon désert personnel, j’y reste encore un peu, je commence juste à sortir la tête du sable, alors #PrivésDeDésert, moi, ça m’est passé largement au dessus! J’avais pas internet, et quand je l’ai récupéré je ne suis allé ni sur twitter, ni sur ma boite mail, et voilà comment on rate la révolution.

Donc j’ai lu ça après, un peu partout. Plein d’idées sur une autre façon de faire de la médecine générale, de mettre des médecins à la campagne… Ça me réchauffe le cœur de voir que je ne suis pas la seule à imaginer que ça pourrait être autrement, même si je n’ai pas la tête à formaliser les choses en ce moment. Je me contente de soutenir. C’est mieux expliquer que ce que je pourrais faire. Allez donc voir.

Le texte brut est , le « comment ça pourrait se passer » qui fait rêver est . Il y en a plein d’autres, j’ai pas mis tout le monde, j’espère que tout le monde ne m’en voudra pas.

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Esprit tordu

On peut pas savoir ce que c’est les représentations des gens, par où ça passe, l’esprit, des fois. C’est tordu, imprévisible. Même pour soi-même.

Mon frère est mort. Et pour moi, une des choses les plus difficiles dans mon stage actuel de gynécologie, c’est pas les gardes aux urgences, les réa, les discussions des urgentistes sur leur histoires de chasse de pendus et de défenestrés.

Le pire, c’est les écho morpho*. Celles où les parents viennent tous les deux, voir leur bébé. Celles où tout le monde attend de savoir le sexe. Celle où ils ont des espoirs, des envies, ou pas. Celle où « le plus important c’est qu’il soit en bonne santé, bien sûr mais on voudrait savoir pour acheter les habits, la peinture ». Celle où les parents nous disent  « Ah ! on va pouvoir le dire au grand frère, à la grande sœur, qui veut savoir, ça va être plus concret pour lui en parler, là il/elle ne réalise pas encore ».

Je n’ai pas de souvenir avant d’avoir été grande sœur. Mon premier souvenir c’est moi debout dans la chambre de mes parents, donnant des idées de prénoms à ma mère enceinte pour ma petite sœur à venir… Et ma mère de conclure « Et si c’était un garçon ? » Du haut de mes trois ans et demi, je crois que je n’avais pas imaginé cette possibilité… Peu de temps après arrivait mon petit frère.

Maintenant il est parti. J’ai l’impression de ne pas en avoir fait assez pour lui donner la force de rester parmi nous. Et je ne sais pas comment c’est la vie sans frère…

*L’échographie morphologie est celle du 5e mois, où on recherche les anomalies morphologiques et souvent la première écho où on peut annoncer le sexe du bébé.
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Sondage installation, suite

Après les nombreuses réponses à mes questions pratiques (ici) je m’interroge sur le ton plutôt négatif de certains commentaires. Du coup j’ai envie de rajouter une question,qui me semble essentielle et à laquelle je n’ai jamais entendu de réponse quand j’y pense, souvent cela appelle les remarques sur les soucis de l’installation plus que sur les points positifs.

Alors: Pourquoi êtes vous contents d’être installé? Pourquoi c’est mieux que de remplacer, d’être collaborateur ou salarié?

Je pose la question vraiment naïvement, parce que cette sacrosainte liberté, comme seul argument positif, m’intrigue…

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7 minutes 10 de bonheur.

C’est vendredi, je suis de garde ce weekend, je cherche un peu de bonne humeur avant d’attaquer le stress des gens qui ont trop attendus et du personnel surbooké des urgences.

Deux chansons qui ont la bonne idée de débuter un album de Sigur Ros et qui à chaque fois me remplissent d’énergie (positive, ce qui n’est pas le lot de toutes les chansons de ce groupe). J’avais envie de les partager. Bon weekend.

 

 

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Tout ce que j’ai toujours voulu savoir sur l’installation…

… sans jamais trouver à qui demander.

Ma fac consacre chaque année une journée de cours des internes en dernière  année de médecine générale à l’installation. C’est une bonne idée.

Ils font des efforts  les prof de médecine générale, vraiment, sans me moquer. Ça doit être le fruit de plein de super réunions pédagogiques pour réfléchir à nous laisser nous exprimer, à être au plus près de nos attentes… Petits groupes, paperboards, métaplan avec des post-it, tour de table pour recueillir l’avis de chacun… Ils ont sorti tous leurs outils.

Ils se sont mis à notre hauteur et je me suis pas endormie, ça non, j’ai appris des trucs, ça oui, j’ai pu poser des questions, oui. Mais à vouloir faire trop compagnonnage, table ronde et tout ça on est vite retombé dans « je vous raconte les anecdotes de mes premiers rempla à l’époque où le SMUR existait pas dans la cambrousse profonde où on m’appelait à 4 heures du matin sur des AVP ». Bon bon. Autour d’un café, pourquoi pas, j’aime les anecdotes, à la pause peut être ? Mais en COURS sur l’installation future de jeunes médecins a priori pas très chauds, au vu des statistiques, pour « sauter le pas », c’est pas de la super pub… Et les internes avec pleins de questions pratiques, les histoires de chasse, ils s’en fichent.

Donc comme il me reste plein de questions, que je n’ai pas su où caser dans ces « ateliers » pas assez pratique à mon goût, auxquelles je n’ai pas trouvé de réponses claires, seulement les avis des uns et des autres (certaines questions n’appellent  effectivement que des réponses subjectives mais pas toutes), je les mets là, au cas où quelqu’un passant par ici voudrait éclairer ma lanterne…

Ce sont des questions bêtes le plus souvent (parce que les questions intelligentes je les ai posées aux profs, héhé !) ce qui explique qu’elles ne sont pas faciles à poser à Google J et parfois j’ai eu la flemme de bien chercher, surement…

Et en plus je ne me suis pas foulée j’ai juste fait une imbuvable liste de questions…

1/ La mobilité :

Peur n° 1 des internes que je connais dont le conjoint est salarié…

J’aime bien Miniville pour l’instant, mais j’ai la bougeotte et mon amoureux encore plus…

Est-ce qu’on peut facilement déménager une fois installé ? à la fac la réponse c’est mettez vous en collaboration… mais toute sa vie en collaboration ? Et on fait comment s’il n’y a pas d’annonce, on débauche les médecins du coin pour leur donner envie de nous prendre comme collaborateur ? On va les voir ? On les invite à diner ? On leur envoie une lettre de « candidature spontanée » ?

Outre le crève cœur de laisser les patients qu’on suit… Combien ça coûte de déménager un cabinet médical ? Combien de temps faut-il pour avoir « rentabilisé » son installation et changer de lieu l’esprit tranquille ?

2/ La secrétaire

Je trouve ça dur de répondre au téléphone et donner des RDV en même temps que les consult’ mais…

Est-il possible d’avoir une secrétaire en chair et en os en s’installant seul ?

Ai-je le droit d’imposer à une secrétaire ses dates de vacances pour qu’elle parte en même temps que moi ? Sinon que fait la secrétaire qui travaille pendant mes vacances ?

3/ Les autres

S’installer en groupe parait bien mieux que tout seul mais…

S’installer avec ses potes est-ce une bonne idée ?

Comment s’installer avec des médecins qui n’ont pas la même pratique, en particulier pas le même rapport aux laboratoires (si on ne veut pas des pub plein sa salle d’attente par exemple…) ?

Où trouve-t-on des médecins qui ont envie de collaborer autour des patients, de prévoir un temps d’échange entre confrères, quand on ne voit partout que des mecs installés tout seuls depuis 30 ans ? Plus généralement à quelle occasion discute-t-on avec ses futurs collègues ?

Comment s’installer en groupe si on ne veut pas faire autant d’heures (ou de jour par semaine, ou de semaines par an…) que les associés ? En ces temps de pénurie je vois bien venir les reproches du type « on doit tous travailler plus pour voir tous les patients vu que le nombre de médecin diminue » .

4/ Les actes au cabinet tout seul,

Je sais faire des trucs à l’hôpital où il y a tout (matériel et infirmiers) tout près sous la main mais…

Peut-on faire des sutures en urgences sans niquer tout son planning de consultations ?

J’ai suturé une plaie transfixiante de lèvre cette semaine, comment faire pareil sans personne pour tenir la lèvre du patient ?

A-t-on le droit faire ramener un set de pansement/suture par le patient pour remplacer celui qu’on avait en stock ?

Quelle « petite chirurgie » est faisable seul au cabinet : exérèse de naevus ? incision d’abcès ? biopsie de peau ? de col de l’utérus ?…..

5/ …et le matos qui va avec

Peut-on avoir du MEOPA, et si oui combien ça coûte, en combien de temps ça se périme ?

A qui achète-t-on de l’azote liquide ? Au magasin d’azote liquide ?

Comment se procurer les boites jaunes DASRI de déchets piquants ? Qui les ramasse ? Combien ça coûte ?

Où jette-t-on les pinces à usage unique métalliques des plateaux stériles ? On va pas les mettre à la poubelle quand même !

A-t-on le droit de désinfecter le matériel réutilisable au cabinet ? Par quelle méthode (Poupinelle ou autre) ? Sinon que fait-on du matériel réutilisable ?

6/ Le mode d’exercice

Si on est collaborateur, à mi-temps par exemple, comment cela se passe quand l’un ou l’autre est en vacances ? Le collaborateur se choisi son remplaçant ? Si le collaborateur remplace de « collaboré » à qui le patient signe le chèque, à lui comme lorsqu’il bosse pour lui, ou au « remplacé » comme dans un remplacement normal ?

La participation aux gardes est-elle obligatoire ? Je pense en particulier à un médecin malade ou qui a un exercice particulier (ne fait que de l’allergo par exemple), il n’a pas le droit de ne pas être sur le planning ?

Qui fait le planning des gardes ? Un médecin du secteur, une secrétaire, le CDOM ? Prend-on en compte des desiderata comme quand on est interne et qu’un d’entre nous se dévoue pour s’arracher les cheveux caser les vacances de tout le monde ?

J’ai entendu des internes parler de leur prat qui facture lors des actes « particuliers » (suivi psy, tabacologie…) deux consultations, une remboursée, l’autre non. Est-ce légal ?

7/ L’informatique

J’ai manipulé plusieurs logiciels médicaux mais…

Comment on choisi son logiciel ? On appelle tous les fabricants un par un ? On peut les tester avant de s’engager ?

Certains logiciels incluent la Banque Claude Bernard, combien cela coute (en plus du logiciel bien sûr) ? Y –a-t-il des logiciels médicaux  pour l’exercice libéral incluant Thériaque ?

La liste n’est pas exhaustive mais si déjà j’ai réponse à tout ça je serai contente…

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Mon deuil à moi

Peut être qu’un jour je pourrai en parler. Dire combien ça donne de l’imagination d’être médecin. Dire ces questions que je suis la seule à me poser sur comment ça se passe, à la fin, quand on meurt; sur ce qui s’est passé entre le suicide et la déclaration du décès, ces longues heures où on ne sait pas s’il était vivant ou mort, conscient ou inconscient, s’il avait mal ou pas. Mais j’ai encore trop mal, moi, maintenant, pour parler.

J’ai écouté cette chanson tous les jours depuis le décès.

 

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On est pas vendredi mais tant pis

 

C’est à peine le début de semaine et déjà j’ai envie de parler d’autre chose que de médecine… pour faire un peu de pub, parce que j’ai lu récemment la parenthèse, d’Élodie Durand.

Une bande dessinée autobiographique où elle raconte sa maladie et surtout son rapport à la maladie, son déni, et sa reconstitution a posteriori de son histoire avec les trous de mémoire qu’elle essaie de combler, de comprendre. Sans être jamais dans l’apitoiement ou le larmoyant.

Je sais pas de quand ça date, je sais pas si c’est une BD hyper connue ou pas, je suis tombé dessus dans un rayon, j’ai flashé sur les dessins noirs et blancs, très expressifs, dont certains, particulièrement émouvants, ont été réalisés durant sa maladie, et s’intègrent dans l’histoire.

Je l’ai lu d’une traite, et ce livre me reste en tête depuis…

J’avais envie de partager mon petit plaisir d’un soir…

 

La couverture, pour que vous le trouviez dans le rayon...

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Je pensais détester mon stage en néonat. Et puis finalement non.

Néonat

Une toute petite fille. Un prénom en A , si peu original qu’il y en avait 3 autres dans le service. On avait même retenu son nom de famille, dans un service où tous les patients sont si petits qu’ils n’ont que leur prénom. Trop vieille pour être en néonat, et bien là pourtant… ou pas là, qui sait ?
Un couple qui n’en peut plus (ou on n’en peut plus pour eux ?) de venir voir cette petite qui ne regarde pas, n’entend pas, ne sourit pas, ne déglutit pas, ne digère pas… On ne sait pas ce qu’elle a… On sait que rien ne fonctionne. On sait qu’elle n’en a que pour quelques mois. Le parents nous annoncent qu’ils viendront peut être un peu moins, ou plus tard, car ça commence à faire cher l’autoroute chaque jour…
Pour elle c’est perdu, mais on fait plein d’examen, on cherche à comprendre, pour les enfants suivants…
Et à chaque visite moi petite externe si émue par ces crevettes que je pensais détester, on me demande l’évolution, puisque bien sûr je l’examine tous les jours, les réflexes, les yeux, les oreilles, tout. Hmmm… Ben non je l’examine pas tous les jours… Je vais la voir, je l’examine parfois. Rien ne change. Pas parce que j’ai une bonne raison, un truc légitime, rien. Elle fait peur, on ne veut pas la déranger. J’ai envie de la prendre dans mes bras, de lui parler doucement, mais pas de l’examiner.
Aujourd’hui je ne sais toujours pas si c’était une grave faute de ne pas l’examiner complètement tous les matins.
Elle était là avant que j’arrive, elle restera après mon départ. Je ne sais pas ce qu’elle a perçu de son entourage.
Et c’est une des rares patients de mon externat dont je suis capable de redonner le nom complet des années après…

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Labos, vrais croissants, fausses croyances d’une interne moyenne

Débat un peu épuisé peu-être. Le flux des articles de blogs sur la visite médicale c’était fin 2011 (comme , réponse , , et plus ancien ), je suis un peu en retard, mais comme je suis dans mes réflexions prescrire ou ne pas prescrire… Ce n’est pas une réponse à proprement parlé, mais mon expérience personnelle.

Avant, j’étais « l’interne qui s’y connait en méthodo qui va te démolir ton explication » (tadam ! vous entendez la musique impressionnante en fond sonore, non ?). J’étais choquée qu’on demande à un labo de payer des frais de thèse, de DU, des bouquins… ou qu’on dise je vais prescrire du Soignetou parce que Mme Soignetou nous apporte quand même souvent des croissants et elle est super sympa… Mais j’écoutais les labo, je mangeais les croissants, et je me disais je choisi en mon âme et conscience…

J’avais un chef qui s’amusait à faire pleurer reprendre les visiteurs médicaux en staff pour apprendre aux externes à pas se laisser embobiner; je jouais avec lui : relever ce que le VM n’a pas dit sur les effets secondaires, poser la question qui fâche du prix par rapport au concurrent équivalent, du test contre placebo et pas contre médicament de référence… Tout contents d’embêter les VM, qu’on était. Souvent ils venaient avec un médecin de leur labo pour répondre aux questions, d’ailleurs, je croyais qu’il leur faisait vraiment peur, je pense qu’il les faisait vraiment chier. Ils le prenaient à la rigolade, « alors vous allez encore me prendre au dépourvu Dr Forenstat ! ». Les externes aimaient bien aussi, l’impression d’être au spectacle qu’ils apprenaient des trucs pour leur LCA* en même temps…

J’ai rencontré une VM dans mon entourage, qui m’explique combien ses produits sont supers, et qui y croit dur comme fer puisqu’on lui a dit en formation sur son nouveau produit c’est que c’est vrai, c’est le meilleur… Je crois maintenant que c’est facile parce qu’il ne sont pas formé aux stat comme nous le sommes, il sont formé à vendre.

Un jour je me suis vanter de mes prouesses VMivores auprès d’une connaissance, elle m’a dit « nan mais ils sont plus fort que toi, si tu fais ça ils vont juste noter que toi c’est pas par les arguments scientifiques qu’ils t’auront ». En fait c’était une ancienne VM repentie, devenue carrément antimédicament après avoir testé ce milieu où elle a appris à vendre quelque soit le produit, quelque soit ses effets (désirables ou non).

Ça m’a fichu un coup, cette discussion. Du coup j’ai réfléchi, je me suis renseignée. Quand je suis partie en MG c’est avec l’idée de « ne plus recevoir les labo ».

J’en ai parlé autour de moi. J’ai eu des remarques ironiques de mes copains de spé hospitalière « nan mais tu sais maintenant BabydoOc elle prescrit en DCI, elle est en médecine générale, ils sont pas comme nous, on peut pas les comprendre, lol ». J’ai eu des arguments surprenants de Superprat « oui mais ça me gène qu’il perdent leur boulot à cause de moi, c’est juste leur travail aux VM ».

Bon, donc je ne reçois pas les VM.

Je peux m’acheter des stylos à bille tout simples, ça , ça va. Encore que souvent mon banquier ou mon assureur se font un plaisir de me fournir.

Reste qu’il y a des choses que je ne sais pas faire sans les labo, je dois être encore formatée.

Où trouve-t-on une règle à ECG que j’ai été si contente de me procurer quand j’étais étudiante et sans laquelle je me sens toute nue en garde aux urgences?

Je ne parle même pas du guide de traumato/pub lovenox. Lovenox n’a même pas besoin de ça puisque pendant toute ma formation d’externe, donc hospitalière, c’était la seule HBPM disponible et donc j’en connais les poso par cœur.

Comment apprend-on à poser un implant contraceptif si ce n’est pas le labo qui vous montre?

Où trouver une synthèse sur les différents laits infantiles par exemple, ou au moins une info sur les compositions permettant de faire cette synthèse soi-même ? Il faut avouer que certaines plaquettes sont pratiques (sur les pilules notamment, pas vu mieux que celle d’un labo !).

C’est malheureux que des outils ne soient pas accessibles autrement que par les labo. A la fac par exemple, on pourrait avoir des fiches de synthèse, j’ai encore dans mon carnet une fiche de poche sur les équivalences morphinique d’un centre de la douleur… Mais c’est rare. Ou bien est-ce moi qui ne connais pas , qui ai mal cherché?

 

*La Lecture Critique d’Article est une épreuve ajoutée récemment à l’examen national classant, qui porte comme son nom l’indique sur l’analyse critique de la littérature médicale.

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Médicaments, confort, bénéfice, risque et incertitudes

Prescrire est une responsabilité difficile. Jaddo le disait dans une interview lue récemment, que je n’ai pas retrouvée. C’est une responsabilité envers la santé du patient et envers la société qui rembourse les médicaments.

J’ai une personnalité assez obsessionnelle. Je doute des heures et des jours. De tout. Tout le temps. Mais une fois que je me suis décidée, que j’ai un avis, je deviens super bornée, inflexible.

Pour l’instant, je ne sais pas quoi penser.

J’ai l’impression qu’on pourrait se prendre la tête des heures rien que sur les sirops pour la toux. Je ne prescris pas de sirop pour la toux. Je n’en prends pas quand je suis malade. (En même temps je suis asthmatique, c’est une contre-indication, si j’en prends j’ai l’impression de me noyer toute seule dans mes poumons).

Sauf que les patients ils toussent et ça les gêne. Et surtout ils ont l’habitude qu’on leur donne un médicament pour ça, on ne leur a jamais dit que ça risquait de les tuer… et en plus ils n’en sont pas morts, ce qui pour beaucoup de gens, a plus de valeur que toutes les statistiques du monde.

Moi les stat j’y crois, le « c’est pas significativement plus efficace », j’y crois. Je suis venue en médecine générale pleine de super idées sur l’EBM* au jour le jour. Mais j’ai un patient en face de moi qui VEUT son sirop pour la toux, qui trouve que mon conseil de manger du miel c’est un remède de bonne femme. Et surtout, je ne suis pas toute seule, je suis avec un prat, plus ou moins présent, qui, lui, prescrit du sirop. Selon le prat ça va de « de temps en temps » à systématiquement, en général avant même que le patient ait réclamé, parce qu’ils pensent que ça marche un peu ou parce qu’ils n’ont pas envie de tergiverser. L’argument des effets secondaires n’a pas de prise puisqu’ils n’en ont jamais vu. Les médecins sont parfois comme les patients, ils préfèrent leur expérience personnelle.

Pour beaucoup de gens, le rhume, c’est LA maladie qui les emmerde. Avoir le nez bouché est insupportable. Bon OK moi je suis docteur je vois des gens qui prennent des médicaments tous les jours, et qui peuvent mourir de ne pas les prendre… je vois des gens qui souffrent et qui meurent. En plus j’ai moi-même deux bronchites par hiver, pour lesquelles je tousse deux-trois semaines et ça passe. Mais je fais médecine générale alors je vois aussi des patients qui sont en bonne santé et comme maladie, ils n’ont qu’une bronchite ça les embête bien. Quand c’est Monours qui a une pharyngite, donc refuse toute activité sociale ou ménagère, boude toute la journée et me regarde avec un air d’apocalypse en me disant « je suis maaaalaaaade ! » parce que je lui ai proposé, tenez vous bien de : sortir de la maison( !), bon, je rouspète, je me moque, je lui donne même pas de médicaments, de toutes façons, il n’en veut pas. Mais c’est Monours, il sait ce que j’en pense, il sait que je l’aime quand-même et il sait relativiser.

Le patient maaaaalaaaade avec son nez bouché ou sa pharyngite, il est vraiment gêné, et à ce moment-là il ne pense pas aux gens en train de mourir de quelque chose de plus grave que ce rhume auquel en tout état de cause, il devrait survivre.

Tous ces gens avec leur nez bouché, faut-il leur donner du spay-débouche-nez ? D’emblée, à tous les rhumes ? Seulement s’ils en demandent ? Et celui qui en aurait voulu mais ne réclame pas parce que « c’est le docteur qui décide » ? Il ne serait pas traité comme les autres ? Un de mes maitres de stage (le « prat du mercredi » pour les intimes, qui mériterait plusieurs post à lui tout seul) donne larga manu du dérinox parce que « sinon les gens ils sont pas guéris, ils reviennent ». Est-ce un médecin méga sensible à la souffrance de ses patients ? Ou un médecin qui ne veut pas perdre de temps en explications ? Dans les deux cas on n’imagine qu’il ne le ferait pas s’il pensait que ce médicament est dangereux. Mais il n’a jamais vu d’effets secondaires (on y revient, j’ai pas vu donc ça n’existe peut-être pas).

Alors faut-il se prendre la tête avec tous les médicaments ? Oui surement. Et avec tous les patients ? Non sinon je vais vite péter un plomb.

 

Quand je serai toute seule qu’est ce que je ferai ?

Hé bin j’en sais rien.

Une solution serait d’attendre de comprendre les représentations de chaque patient, ce que représente le rhume pour lui, etc. .. Mais parfois cela me donne l’impression de prescrire selon la convenance des gens, de ne pas avoir de ligne de conduite. Et je suis obsessionnelle, je l’ai déjà dit, j’ai besoin d’avoir un avis tranché.

Et puis j’avoue, des fois c’est long en consult’ de tout décortiquer, et des fois on est fatigué on n’a pas le temps, et des fois on essaie et on comprend de travers.

Je me souviens avec grand plaisir d’un papa qui amène un vendredi son petit pour un rhume. Je lui explique que l’essentiel c’est de « laver le nez » au sérum physiologique, aussi souvent que nous on se mouche, etc… et puis pas d’autre traitement, la toux c’est parce que ça coule derrière, rien d’inquiétant, les poumons sont tout propres à l’auscultation, blabla… et c’est viral pas d’antibiotique. Le papa m’a écouté, en hochant la tête. Il a du se dire que mon laïus était bien long pour ne rien lui prescrire, ou trouver que j’avais beaucoup l’air de m’excuser, ou il aimait peut être bien mon explication, finalement, je ne sais pas. Et à la fin il m’a dit « oui je suis bien d’accord avec vous, les médicaments, si on peut s’en passer tant mieux, je voulais être sûr qu’il n’y avait rien de grave parce que c’est la première fois qu’il est malade comme ça, il tousse, et puis après c’est le weekend ». Voilà. C’est tout simple il ne venait pas pour avoir une ordonnance! J’étais contente ce jour-là, de ne pas avoir à me battre avec mes explications.

Quand j’ai un avis, que je pense qu’un médicament est sans effet mais sans risque, tout est simple.

Un exemple: le maxilase, un placebo en sirop qui est censé être « anti-inflammatoire local », ou les pastilles pour la gorge, même combat. Bon vous avez mal à la gorge, blabla, du miel, de la glace et hop ! (et c’est vraiment comme ça que je fais dans ma vraie vie quand j’ai une angine).

Déjà j’attends qu’on me réclame le sirop (ou qu’on me pose la question), je n’en parle pas spontanément. Je réponds que ce n’est pas plus efficace que le miel que donc pour moi c’est un placebo, mais que devant les faibles effets secondaires de ces médicaments, si le patient veut en prendre, c’est son choix.

Le problème c’est avec les médicaments remboursés, parce que dire « vous faites ce que vous voulez » ce n’est pas la même chose que de prescrire (et donc de faire payer par la société) un placebo.

Et surtout des fois je ne SAIS PAS si je peux dire c’est sans danger.

Vous voulez prendre de l’homéopathie pour vos verrues ? On n’a pas de preuve que cela fonctionne mais si cela vous tente et que vous acceptez de payer, allez-y. Si cela ne marche pas n’hésitez pas à revenir me voir.

Dr Hyde parle (ici) de façon intéressante du besoin de « prendre en main » sa maladie, d’agir. En achetant du pschitt-débouche-nez et de bonbons pour la gorge avec un gout de médicament plutôt que de sucer des Carambar. C’est compréhensible. Le paracétamol a une telle image de « petit médicament » que ce n’est pas agir de prendre seulement ça et de l’eau salée. Donc pourquoi pas des médicaments de confort ? C’est un terme avec lequel j’ai du mal, pourtant il est couramment employé par les médecins eux-mêmes pour parler de la vilaine sécu qui dérembourse en se fichant du confort de gens. Ce qui n’apparait pas chez Dr Hyde, ni chez le pharmacien, ni chez les patients qui se plaignent qu’on « ne soigne plus les rhumes », c’est que c’est quand même un médicament. Donc avec des effets secondaires.

Un enfant tousse « gras », c’est embêtant, il est grognon, il dort mal, maman aussi. Elle lui masse la poitrine le soir avec de la pommade « pour la toux ». Il fait une crise convulsive. Avouez que c’est dommage, faire une crise convulsive vs tousser gras, la balance est vite faite. Donc je dois pouvoir au moins informer sur les effets secondaires, avoir un avis sur la balance bénéfice-risque, et souvent je ne sais pas.

Mais on me dit que le sirop pour la toux tue des gens ? Je ne trouve pas la référence (en dehors des contre-indications). Alors dois-je m’arc-bouter sur mon sirop pour la toux ? Dire aux gens je ne vous le prescris pas parce que c’est dangereux ? Tant que je ne suis pas convaincue je ne peux pas faire ça.

 

Je vais me faire mon avis petit à petit, médicament par médicament. Je lis la revue prescrire. Comme d’autres je la trouve parfois excessive dans le sens du « jamais de médicaments ». Je ne sais pas si j’arriverais au niveau de décroissance du Dr Borée. Je sais que je pars avec bien moins de médicaments que mon Prat’ du Mercredi, bien moins de médicaments que la médecine que j’ai apprise à l’hôpital. Je sais que je veux aussi écouter les patients.

Mais pourquoi j’ai fait 9 ans d’étude et j’ai l’impression qu’il me reste toute la thérapeutique à apprendre ?

*EBM: Evidence Based Medicine ou médecine basée sur les preuves

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