S’installer à Miniville ?

J’ai plein de propositions pour m’installer à Miniville ou dans les environs.

Regarde moi je te propose une collaboration avant que tu reprennes le cabinet ! Regarde moi je te paye les locaux ! Regarde moi je te paye les locaux ET je te prête une maison pendant 2 ans ! Regarde moi je fais une maison de santé pluridisciplinaire !

Le Dr Papy de Miniville attaque à 8h du matin, finit vers 22h, entre midi et deux il fait ses visites, et il y a toujours une place pour rajouter une consultation pour un patient qui appelle dans la journée… Le remplaçant du Dr Papy se sent un peu coincé quand il refuse des consultations le jour-même parce que le planning est blindé à des patients qui ont l’habitude qu’il y ait toujours une petite place en plus…

Le Dr Papy part à la retraite, ça fait plusieurs jeunes qui viennent voir, personne ne veut reprendre son cabinet…

Les médecins de Miniville : « Ça je comprends pas moi, trop de travail, ils ont que ce mot là à la bouche ! Hein, nous on était bien content quand il y avait du travail ! »

Les patients de Miniville : « Ça je comprends pas moi pourquoi les jeunes veulent pas venir chez nous, c’est sympa, ici ! On est gentils nous ! Ah ben oui ça c’est sûr ils préfèrent tous la Côte d’Azur ! »

Oui sauf que Miniville c’est 20 médecins généralistes actuellement (dont un bon nombre avec des patientèles imposantes comme celle du Dr Papy), et plus que 7 médecins dans cinq ans…  Pour la même population.

Certes si je viens ça fait 8.

A propos BabydoOc

Interne en médecine générale à Miniville, se demandant où elle va, par quel chemin et dans quel état...
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7 commentaires pour S’installer à Miniville ?

  1. Embryon dit :

    Pour le coup je t’envie à fond. Ca doit être génial de recevoir plein de propositions comme ça … et te faire cogiter 😉

    • BabydoOc dit :

      Je pensais que c’était plus ou moins pareil pour tous les internes chez le prat, non? Même dans les grandes villes. Mon médecin traitant à La Grandeville quand j’étais au CHU s’est empressé de me demandé quand est-ce qu’il pouvais m’appelez comme remplaçante!

  2. Jedi dit :

    Salut! Je suis remplaçant depuis deux ans, et j’avoue que j’ai un peu de mal à comprendre la schizophrénie de la quasi-intégralité des papydocs que je remplace en campagne pure et dure. Ils ont tous des cernes aussi lourdes que leur tiroir caisse en fin de mois, et nous tiennent le discours classique: vous les jeunes, vous ne voulez plus bosser, nous on se tue à la tâche etc…et nous font culpabiliser. Et quand on répond du tac au tac « ok doc, vous faites quoi de votre « débarras de 30m2 »? Vous seriez ok pour que je m’y installe le mois prochain? Le ton change de façon étrange, le regard devient fuyant, comment te dire, enfin bon bref, on devient subitement de trop, comme c’est étrange… »t’es gentils mon p’tit, tu t’installes dans un désert médical ok, mais pas dans MON désert…arf.
    En fait, il y a deux trois cabinet où si l’on dégage les renouvellements d’ordonnances de 1 mois maxi chez l’hypertendu de 60 ans équilibré, et les consultations en urgence pour des rhumes « traînant » depuis 48h (qu’on soigne à coup de macrolides et prednisolone 1mg/kg SVP) on règle d’un coup la question de la pénurie médicale et celle du surmenage de nos papy-docs.
    Oups, je m’égare dans les abysses de l’anti-confraternité…
    A+

    • BabydoOc dit :

      Merci pour ce commentaire anti-confraterenel. Régler la question de la pénurie en changeant juste les pratiques c’est un peu provoc, mais je suis contente de ne pas être la seule à relever la forte tendance de certains à se plaindre des autres, surtout des jeunes qui ne veulent pas travailler, et à vouloir en faire moins de l’autre côté. Un peu schizophrène en effet.

  3. Docmam dit :

    J’ai hésité un peu à répondre parce que je crois que tout ce que je voudrais dire sur le sujet ne tiendrait pas en un seul commentaire…
    Oui je croule aussi sous les demandes de rempla/associations/successions… Mais j’ai aussi l’exemple d’une collègue remplaçante qui lorsqu’elle a prospecté pour s’installer dans le « désert » vers chez elle, là où ils se plaignent tous plus fort les uns que les autres qu’ils sont trop seuls… ben on lui a bien fermé les portes au nez.

    Je pense aussi qu’on peut parfaitement être moins de médecins, mais c’est tout une éducation à refaire… Arriver dans une population qui a l’habitude que le doc soit dispo de 8h à 22h et avoir un RDV pour la rhino dans la matinée, ça promet effectivement quelques mois difficile le temps de faire accepter cette nouvelle manière d’exercer… mais ça me paraît pas impossible…

    • BabydoOc dit :

      Moi je suis d’accord pour apprendre au gens tout doucement que le rhume ça se soigne tout seul. Mais j’ai l’impression que les médecins installés que j’ai rencontré ne sont pas de cet avis (genre « ça rattrape les longues, consult » voire  » on sait jamais si c’est pas plus grave »), et je ne vais pas m’installer tout de suite après l’internat. J’ai peur que les rempla soient épuisants avec des patients qui s’insurgent quand on ne les prend pas à la seconde pour leur rhume. Et j’appréhende un peu les regards de travers si je ne remplace pas tous le temps, tant des patients que des confrères (la remarque de Fluorette ici m’a interpellée sur le jugement des gens si je ne rentre pas dans l’image « sacerdotale » qu’ils ont du médecins).
      Et puis encore une fois, les futurs jeunes médecins qui seront plus nombreux, qu’est-ce qu’ils vont faire pour faire des actes dans un coin où ils ne seront plus tout seuls dans le désert? Voir ceux qui veulent voir un médecin vite: les rhumes J1, les « j’ai pas encore le nez qui coule mais je sens que ça va venir »? Comment faire en sorte qu’on ne revienne pas en arrière dans quelques années quand on sera plus nombreux?

      • docmamz dit :

        Oui je suis d’accord, mais je pense que les « vieux » médecins pour la plupart se sont englués dans cette habitude et ne cherchent maintenant plus à en sortir… sans être foncièrement contre pour autant.
        Une de mes maitre de stage en stage prat était comme ça : 40 à 45 cs par jour, de l’abattage, et antibio/cortisone pour tout le monde.. l’horreur, un jour je lui ai fait la remarque, naïvement, style « mais heu… c’est pas bien nan ? »
        et elle a été gênée, « oui je sais mais quand on a du s’installer, on n’a pas eu le choix, si on prescrivait pas ce que le patient voulait à l’époque il allait voir ailleurs et on pouvait pas se le permettre financièrement… » du coup maintenant quand bien même elle le voudrait elle arrive pu à faire autrement.
        Et oui je pense également que jouer au yoyo avec le numérus clausus et ouvrir les vannes trop grand ça n’est pas une bonne solution… je pense que l’on sera assez de médecins, et qu’il faut juste repenser le système de soins. Le paiement à l’acte uniquement, ça ne valorise pas le travail bien fait, mais ça peut aider à partir dans la dérive de abattage…

        Je sors d’un rempla de 2 mois : les 3 premières semaines ont été horrible, parce que je ne bossais pas comme le Dr, parce que je ne prenais pas les gens en plus sans RDV pour leur renouvellement etc. Au bout de 3 semaines les gens avaient compris et j’ai pu bosser plus sereinement. Et il n’y a pas eu plus de morbimortalité dans le quartier.

        Ça ne fait qu’un an que je remplace mais je n’ai mis que quelques mois à déculpabiliser de privilégier ma vie. J’ai appris à dire non, non je ne remplacerais pas cette semaine parce que j’ai besoin de glander une peu, parce que j’ai envie de passer du temps avec ma fille. Non je ne prendrais un énième patient en plus après 19h30 parce qu’il a de la fièvre depuis 17h, pour son bien autant que pour le mien il ne viendra que demain.
        Bien sûr il y en aura toujours des médecins ou des patients qui râleront que les jeunes ne veulent plus bosser, quelle bande de feignasses. Mais au final une bonne partie des médecins que je croise m’encourage à dire non et à prendre du temps pour moi. Ils le font pour eux aussi probablement : en prenant soin de la remplaçante y’a plus de chances qu’elle revienne 😉

        J’ai pris du recul sur mon métier : ce n’est pas un sacerdoce, je n’ai pas besoin de m’abrutir de travail pour bien gagner ma vie, je garde du temps pour moi; ce qui me permet d’essayer de faire mon travail le mieux possible quand je bosse.
        Il faut prendre du recul et ne pas attendre de reconnaissance de la part des patients ou même des remplacés, tant que toi tu es au clair avec toi même. Si merci et reconnaissance il y a, c’est du bonus, et ça fait toujours plaisir.
        Si les gens râlent, tant pis, au moins toi tu sais que tu fais au mieux et tu évites que ça t’atteigne trop.

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